01/09/2014
Dictée de la finale du Championnat d'orthographe suisse du 30 août 2014
FAUSSE JOIE
Dans un bistrot de Cardiff des supporteurs quasi pafs beuglaient devant un match de cricket retransmis par la télévision. Bizarrement, à la fin de la rencontre, l’un d’eux, un étudiant en histoire, jeune boutonneux à l’accent cockney, lança subitement à la cantonade, entre deux borborygmes, ce qu’il savait déjà être une fausse nouvelle. Pourquoi, assis à l’écart et indifférent au raffut ambiant, un Pakistanais, que l’insolite et l’invraisemblable, surtout après une nième pinte d’ale, n’effarouchaient point, s’en fit-il illico l’écho dans un SMS à son amie qui se délassait dans son spa à Beyrouth ? Fallait-il que celle-ci fût crédule pour le transmettre sans barguigner à son cousin, guide aux pyramides de Gizeh, qui, de stupeur, faillit s’étouffer avec un makrout ! A la sortie de Chéops, il en fit aussitôt part à un groupe de touristes appenzelloises parmi lesquelles se trouvait une archéologue qui se mit à jodler de joie au pied du Sphinx. (fin de la dictée des juniors) Elle songea aux hypogées qu’elle-même, mue par le même espoir fou, avait naguère fouillés en vain, car cette découverte extraordinaire, qui n’en avait pas rêvé ? Quelque grands que fussent ses doutes et quelques fréquentes velléités, certes fugaces, qu’elle manifestât pour s’assurer de la véracité de cette nouvelle inouïe, elle se montra euphorique à un point tel qu’on l’eût crue impliquée personnellement. Elle avait tellement envie d’y ajouter foi ! Ce soir-là, après force chiches-kébabs, baklavas et loukoums, elle prit part au bal costumé de l’hôtel. Ainsi la vit-on en Néfertari danser avec un Hittite. Et lorsque, à l’aube, résonna au pied de Mykérinos le cor des Alpes qu’un touriste avait apporté de Suisse, elle crut vivre l’acmé de la félicité. Dans son délire onirique paroxystique pendant une sieste postprandiale, elle entendit même les sabots de Bucéphale frapper les rives de l’Indus. Dur fut son réveil quand elle lut le message de son compagnon: « Fausse joie ! Les premières fouilles montrent que la tombe royale découverte dans le désert libyen n’est pas celle d’Alexandre le Grand. » D’un geste rageur, elle arracha son kéfié à un garçon d’ascenseur et, les larmes aux yeux, en affubla la statue d’un babouin dans le patio de l’hôtel.
F. Klotz sous le contrôle du jury présidé par P.Mayoraz
Variantes : bistro, Kheops, Khéops, chiches-kebabs, chichekébabs, kefieh, keffieh, Guizéh, iodler, énième, n-ième, sphinx
PHRASES SUBSIDIAIRES :
1. A la vue de l’eyra, les cercopithèques et les mandrills du zoo s’égaillèrent au milieu des mélampyres touffus.
2. (juniors) Furax, le ténor ceylanais et les hautes-contre portoricains mirent leur(s) loge(s) sens dessus dessous.
23:46 Publié dans Dictée, Orthographe | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : dictée, championnat, suisse, orthographe
23/08/2014
Etc.
"Etc. est l’abréviation de la locution et cætera ou et cetera, empruntée au latin médiéval. Cette locution signifie « et les autres choses ».
À retenir
Pour clore une énumération incomplète
On emploie cette abréviation après une énumération d’au moins deux éléments.
Un point, c’est tout
Cette abréviation ne doit jamais être suivie de points de suspension. Elle est toujours suivie d’un point et précédée d’une virgule.
J’ai visité de grandes villes : Paris, Londres, Rome, etc.
De plus, l’abréviation etc. doit être suivie d’une virgule si elle ne termine pas la phrase.
Les margaux, les pauillacs, les pomerols, etc., sont des vins de la région de Bordeaux.
Si l’abréviation termine la phrase, on n’ajoute évidemment pas un autre point !"
Source : Centre de communication écrite de l'université de Montréal
14:58 Publié dans Orthographe | Lien permanent | Commentaires (3) | Tags : etc., et cetera, et caetera, ponctuation
07/07/2014
Vapote, vapoter, vapotage
Vapoter, sevrage en papotant
Par Nicolas Dufour
"Chaque jour de l’été, sans prétention, Le Temps déguste un mot de la langue française"
"La consécration aura été rapide. Apparus il y a quelques petites années, « vapoter » et ses déclinaisons entreront bientôt dans les Robert et Larousse, a-t-il été annoncé ce printemps. Avec une certaine promptitude, les dictionnaires reconnaissent une délicieuse, et pertinente, innovation dans le langage.
On lit sur la Toile que « vapoter » aurait émergé en 2008, lors d’une consultation en ligne. Le mot l’aurait emporté d’une courte tête sur « fluver » ou « smoguer ». En considérant ces concurrents, on comprend pourquoi le « vapotage » a gagné. Baigné d’une jolie auto-ironie de la part des anciens fumeurs de cigarettes qui tuent, ce mélange entre la vapeur et le papotage a pour lui une engageante légèreté. On vapote, on papote. Ce néologisme rend le sevrage tabagique presque frivole. Il fait songer à un interlude bavard, un jeu à fumée sucrée qui permet l’abandon de cette pourtant si délicieuse clope.
Mais vapoter est vite devenu une affaire sérieuse. C’est-à-dire polémique. Face aux tentations de certains gouvernements ou législateurs, soucieux d’encadrer une pratique jugée douteuse, néanmoins manifestement anodine, voici que s’élève une « initiative européenne pour le libre vapotage ». Il va falloir se battre pour avoir le droit d’émettre une brume trempée d’arômes alimentaires. Drôle d’époque. Revoilà nos petites saveurs, ruminées en vapotant, en espérant ne pas virer vaporeux."
15:58 Publié dans Orthographe | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : vocabulaire, vapoter, vapotage, vapote