24/12/2014
Noël
Joyeux Noël !
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21/12/2014
Divân, de Hâfez
Solstice d'hiver. Cette nuit a lieu la Nuit de Yalda, en Iran. Lors de cette nuit de fête, la plus longue de l'année, les Iraniens veillent, savourent des fruits rouges et lisent des poèmes.
C'est l'occasion d'honorer le poète Hâfez, entre autres.
"Hâfez, le jardinier de l'amour
Au XIVe siècle, alors que Dante venait de terminer sa Divine Comédie et que Pétrarque était plongé dans son Canzoniere, la poésie persane battait son plein. Le grand poète du moment s'appelait Hâfez et il écrivait des ghazals, comme son prédécesseur Rûmi. Sans doute moins mystique, moins exalté que le maître soufi, Hâfez (né vers 1315 et mort vers 1390) est l'auteur de poèmes plus ambigus.
Même si son nouveau traducteur, Charles-Henri de Fouchécour, dans son admirable édition, dit que ce qui est écrit par Christian Jambet de Rûmi (dans sa présentation critique du Soleil du réel, à l'Imprimerie nationale) peut l'être de Hâfez, on a, avec ce dernier, affaire à un univers poétique plus humain, plus charnel, plus ambigu aussi, où l'ivresse, l'amour physique, les observations de la vie quotidienne ne sont pas contradictoires avec l'élan spirituel. On mesure l'influence que Hâfez exercera, à travers les siècles, sur des poètes sensuels comme l'Alexandrin Constantin Cavafy, pour lequel aussi la taverne est un théâtre d'apprentissage plus profond et plus riche que la méditation solitaire, la lecture des livres sacrés ou le respect des dogmes.
En dépit de la complexité des codes poétiques, qui réclament des éclaircissements et des commentaires, fournis par le traducteur, on peut aborder le Divân de Hâfez avec une relative naïveté.
D'autres tentatives de transposition ont été faites par le passé, notamment par Vincent-Mansour Monteil et Akbar Tadjivi (L'amour, l'amant, l'aimé, Sindbad-Unesco-Actes Sud, 1989 et 1998). Mais on est, dans cette nouvelle traduction, au coeur de la pensée du poète, comme dépouillée de sa gangue rhétorique. Et l'aspect parfois prosaïque de cette langue nous la rend paradoxalement plus proche, dans les subtilités de ses raisonnements, sinueux dès qu'il est question de rites, de conduites conformes ou rebelles à l'ordre social et religieux, de choix individuels.
C'est probablement aussi ce qui donne à la voix de Hâfez une présence aussi moderne, dans cette version en tout cas. "Les gens de raison sont le point central de l'existence, mais/l'amour sait que dans ce cercle ils tournent." Ou encore : "Ne baise que les lèvres de l'Aimé et de la Coupe de vin ;/baiser les mains des vendeurs d'ascèse est une faute !"
Le secret est au fondement de l'art poétique, des dialogues amoureux et des visions mystiques de Hâfez, nous dit son traducteur. "Hâfez était habité par un secret resté secret à lui-même. L'un des aspects de ce secret fut le comportement de l'être aimé de lui. Cet être ne lui en a rien révélé et l'a beaucoup déconcerté. Le poète nous a quittés avec son secret il y a six siècles." L'un des caractères de ce secret est le sexe de l'objet d'amour. Comme dans les sonnets de Michel-Ange et de Shakespeare plus tard, le destinataire peut être alternativement homme ou femme. " Yâr, l'être qui accompagne et aide le poète, intime socius et bien-aimé, n'a aucun signe qui le distingue comme étant une femme." Est-ce que cette indifférenciation incite à une lecture mystique des poèmes et à une identification de l'Aimé à une figure divine, à la manière dont on lit Thérèse d'Avila ou Ines de la Cruz ? Non, répond Hâfez lui-même, qui dialogue autrement quand est évoquée la divinité. Mais d'innombrables distiques pourraient, assurément, être isolés et constituer des prières enviables. "Par mon corps je ne puis atteindre la fortune de m'attacher à Toi./Mais le meilleur de mon âme est poussière au Seuil de Ta porte."
L'ivresse, de même, loin de s'opposer à la maîtrise intérieure qui pourrait être propice à une réflexion contrôlée et à l'accès aux véritables valeurs spirituelles, est une porte de la sagesse, parce qu'elle délivre de l'étroitesse du "moi". C'est un des paradoxes fondamentaux de cette poésie. L'ascète a moins de sagesse que l'homme ivre. L'homme chaste et contrit moins de grandeur que le libertin. "Demande aux libertins ivres le secret intérieur au voile/car le soufi de haut rang n'accède pas à cet état !" Bien entendu, l'Aimé est paré de qualités absolues qui l'apparentent à un dieu, si bien qu'il ne s'agit jamais de beauté contingente, individuelle, éphémère. Mais les histoires d'amour qui lient le poète à son amant non sexué suivent le même cours que toutes les aventures humaines. Jalousie, possessivité, trahison, séparation, réconciliations, distance, absence, blessures et baumes.
On est loin de la souffrance de Pétrarque, ne cessant de traquer dans l'amour la fragilité de l'illusion, la menace de la tromperie, le caractère temporel d'une beauté fugace. Et il est certain que ces poèmes doivent leur gloire et leur durable postérité à leur sensualité et à leur richesse métaphorique : "Puisse mon âme être immolée à Ta Bouche, car au jardin du regard,/le Jardinier du monde n'a rien noué de plus beau que Ce Bouton de rose."
LE DIVÂN de Hâfez de Chiraz. Introduction, traduction du persan et commentaires par Charles-Henri de Fouchécour, Verdier poche, 1278 p., 25 €
René de Ceccatty"
Source : Le Monde
14:02 Publié dans Evénement, Fête, Poème | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : poème, poète, ghazal, yalda, solstice d'hiver, divân, hâfez, iran, nuit
22/11/2014
Lettres persanes, de Montesquieu
Résumé :
« L’auteur s’est proposé de présenter un tableau vif et saisissant de l’Europe et surtout de la France au XVIIIe siècle. Il suppose que deux seigneurs persans, Usbek et Rica, voyagent en France et rendent compte à leurs amis de Perse de tout ce qu’ils y ont remarqué. Ces prétendus voyageurs raillent nos usages, nos mœurs, nos lois, les abus du gouvernement et de la société et même la religion chrétienne dont ils parlent avec une irrévérence toute musulmane. Il est difficile de se moquer avec plus d’esprit des ridicules et des vices d’une nation.
Nos Persans passent en revue tous les individus de la société. Ils commencent par le roi, puis viennent les courtisans, les grands soigneurs, les fermiers généraux, les magistrats ignorants, les auteurs sans talent, etc. On ne saurait trop regretter que, dans la peinture des mœurs de son époque, Montesquieu n’ait pas gardé plus de réserve et qu’il se soit laissé emporter loin du goût et de la décence. Mais s’il faut voiler la moitié des Lettres persanes, on doit dire que l’autre moitié est digne de l’auteur de L’Esprit des lois. »
Source : Salon littéraire
23:33 Publié dans Livre | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : lettres persanes, montesquieu