15/07/2012
Langue française : ne pas toucher !
Certains se plaignent de la difficulté de la langue française et souhaiteraient modifier cette dernière. D'autres – dont je fais partie – rétorquent que sa beauté résidant dans ses difficultés, il ne faut surtout pas y toucher, sous peine de lui faire perdre sa magie.
Pour résumer pourquoi il faut garder cette belle langue intacte, voici la magnifique pensée d'Alexandre Vialatte, que j'ai découverte grâce au bloc-notes de Gilbert Salem et que je partage volontiers :
« Quand on est amoureux de la langue, on l’aime dans ses difficultés. On l’aime telle quelle, comme une grand-mère. Avec ses rides et ses verrues. »
13:43 Publié dans Orthographe, Société, Vocabulaire | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : vocabulaire, français, alexandre vialatte, orthographe
02/05/2012
Dictée
Voici la dictée "pas piquée des hannetons!" (selon les organisateurs) qui a eu lieu au SALON DU LIVRE DE GENÈVE, lors de la DEMI-FINALE DU CHAMPIONNAT SUISSE D’ORTHOGRAPHE 2012 :
Un camé(e) chez ma tante
Je l’avais rencontré au mont-de-piété où il était venu mettre en gage un camée, une superbe sardonyx, véritable chef-d’œuvre de la glyptique antique, qui représentait un groupe de satyres épiant, derrière un rideau de laîches, Psyché et ses suivantes au bain.
Dans le café où nous nous étions attablés devant un verre de graves grand cru classé qu’il avait tenu à me faire déguster, il me confia que cette pierre d’une extrême finesse avait été offerte par l’empereur Tibère à son précepteur. En 410, lors du sac de Rome, elle tomba entre les mains d’un reître des hordes wisigothes qui en fit cadeau à son amie, une espèce de pythonisse byzantine.
Elle resta dans la famille de cette femme jusqu’à l’arrivée des croisés à Constantinople, où elle fut dérobée par un page caennais qui, ignorant sa valeur, la remit à son seigneur. De retour en Normandie, celui-ci la mit sous clé dans une salle du donjon de son château fort. Survint la guerre de Cent Ans accompagnée de son cortège d’exactions. Le château fut incendié et la pierre perdue, oubliée.
Quelque quatre siècles et demi plus tard, un promeneur qui cueillait des champignons la retrouva, quasi intacte, au milieu d’un groupe de pézizes, dans le chaos des ruines. Il voulut en faire don au Louvre qui, doutant de son authenticité, la refusa.
De dépit, il la vendit à un lord anglais, celui-là même qui avait fait mettre au British Museum – les avait-il volées ou achetées ? - les métopes sculptées du Parthénon représentant le combat des Lapithes et des Centaures. L’Anglais mourut en 1841 en léguant par testament le fameux camée à mon ancêtre, qui, propriétaire d’une bonneterie et d’une chapellerie dans le Marais, était devenue et sa fournisseuse en couvre-chefs et son amie intime.
Il se tut un long moment, puis, jetant tout à coup sur la table une liasse de billets de cent euros, il soupira : «Et voilà tout ce qui reste de cette histoire ! Mon camée chez ma tante ! Quelle tristesse ! Mais je n’avais pas le choix. Mes lignes de coke me coûtent de plus en plus cher.» Puis il se leva brusquement, reprit les billets et me salua, me laissant régler l’addition.
F. Klotz
Sous le contrôle du jury
Présidé par P. Mayoraz
Variantes : bonnèterie, pezizes, centaures, laiches, coutent, reitre
20:03 Publié dans Orthographe | Lien permanent | Commentaires (0) | Tags : dictée, orthographe
09/12/2011
Accord ou invariabilité?
Les verbes coûter, valoir, peser, mesurer, durer, régner, vivre, marcher, courir, dormir, etc., s’emploient, en général, avec des compléments circonstanciels qui indiquent le prix, la durée, le poids, etc. On les dit alors intransitifs parce qu’ils n’ont pas de complément d’objet sur lequel s’exerce l’action exprimée par le verbe. C’est pourquoi leur participe passé reste invariable.
Exemples :
- C’est vingt mille dollars que ce projet de rénovation vous a coûté.
(Ce projet vous a coûté combien? que mis pour vingt mille dollars.)
- Ce chalet ne vaut plus les trente mille dollars qu’il a valu jadis.
(Il a valu combien? qu’ mis pour trente mille dollars.)
- Carole s’est bien oxygénée pendant les trente minutes qu’elle a couru.
(Elle a couru combien de temps? qu’ mis pour trente minutes.)
- Martin a été nerveux durant les dix jours qu’a duré cette compétition.
(Cette compétition a duré combien de temps? qu’ mis pour dix jours.)
- C’est cent trente kilos que Danièle a pesé pendant un certain temps.
(Danièle a pesé combien? que mis pour cent trente kilos.)
- Les deux années que Patrice a vécu en Allemagne furent très enrichissantes.
(Patrice a vécu pendant combien de temps? que mis pour deux années)
Cependant, ces mêmes verbes peuvent à l’occasion s’éloigner de leur sens premier et devenir transitifs, c’est-à-dire recevoir un complément d’objet. Leur participe passé s’accorde alors avec le complément d’objet direct s’il est placé avant le verbe.
Exemples :
- Jacques minimise les efforts que cette recherche lui a coûtés.
(Cette recherche lui a coûté quoi? que mis pour les efforts.)
- Louise savoure la récompense que ce concours lui a value.
(Ce concours lui a valu quoi? que mis pour la récompense.)
- Richard nous a fait part des dangers qu’il a courus à ce triathlon.
(Il a couru quoi? qu’ mis pour des dangers.)
- Ces paroles, France les a longuement pesées.
(France a pesé quoi? les mis pour ces paroles.)
- Ses plus belles années, Patrice les a vécues en Allemagne.
(Patrice a vécu quoi? les mis pour ses plus belles années)
Source : Banque de Dépannage Linguistique
Note : durer, marcher et régner restent toujours invariables.
19:55 Publié dans Orthographe | Lien permanent | Commentaires (1) | Tags : grammaire, orthographe, participe passé