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07/05/2011

Dictée

  CHAMPIONNAT  SUISSE  D’ORTHOGRAPHE

 

Demi-finale

 

Genève, Salon du Livre le 30.04.2011

 

Dictée 2011


Voici le texte de la dictée, contenant une bonne dizaine de mots que l'on a peu l'occasion de lire ou d'entendre. Je vous laisse apprécier...

 

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Un rêve étrange et fou

 

 C’était la nuit, une nuit épaisse, opaque et veloutée de noir. Nous revenions à pied de la pointe du Raz et  traversions le Finistère, ses landes désolées, ses terres nues  où, à  côté des mégalithes, ne pousse que l’ajonc. L’esprit plein de légendes et de superstitions, nous errions au milieu des cromlechs. Par instants, le sinistre océan jetait son noir sanglot. Dressés dans l’ombre, les peulvens, pareils à des spectres, semblaient nous menacer. Gagnées peu à peu par une crainte confuse, nous hâtâmes le pas et bientôt un vilain froid d’angoisse nous envahit. Un vent glacé, un vent bas soufflant par rafales et chargé d’odeurs de varech, fouaillait nos visages, agitait les herbes d’où jaillissaient des korrigans hilares et narquois. Ils sautillaient autour de nous et leurs yeux rouges agités tels des ludions semblaient former dans les ténèbres une guirlande ballottée qui nous encerclait. Effarées, nous tressaillions et nos âmes même(s) frissonnaient. Fin de la dictée des juniors

 

Tout à coup, nous entendîmes un bruit de chevauchée qui s’approchait. Nous nous jetâmes dans le fossé et bientôt, abasourdies, nous vîmes passer, en grand arroi  au milieu d’une forêt d’oriflammes fleurdelisées, le roi de France, hiératique, et sa suite de gentilshommes de haut parage. La duchesse de Bretagne, coiffée d’un hennin et montée sur une haquenée allant l’amble, chevauchait à son côté. Des lansquenets, dont les rires de pochard(s), les chants paillards et les jurons égrillards tonitruaient, les suivaient, entassés comme harengs en caque dans des charrettes tirées par des haridelles.

 

Nous allions reprendre la route lorsque parut, précédé d’effluves hircins, un vieillard bedonnant, grotesque émule de Silène, flanqué d’un bouc. Il  portait à grand-peine un ophicléide, énorme instrument à vent, dont - orphéon insolite - il se mit à jouer devant nous un air d’une infinie mélancolie. Et lorsque, pareille au mugissement d’un aurochs échappé des parois de Lascaux, lui répondit la sirène d’une corne de brume, nous nous regardâmes, à la fois troublées et stupéfaites.

 

Nous poursuivîmes ensuite notre route sans encombre. A l’aube, harassées et transies, nous nous endormîmes côte à côte sur la mousse d’une clairière. Ce  furent les coups de langue d’un marcassin sur mon visage qui me réveillèrent alors qu’un ragot grommelait en reniflant le pashmina dans lequel s’était emmitouflée mon amie. Peu après, à demi lucide, j’entendis une voix féminine  expliquer en détail la recette du far breton. Mon radio-réveil venait de s’allumer.

 

 

 

 

Texte de Francis Klotz

 

sous le contrôle du jury présidé par

 

P. MAYORAZ

 

 

 

                                                                                                              

 

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