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02/09/2011

Dictée du championnat suisse d'orthographe, dans le canton du Valais

Voici la fameuse dictée. J'ai ajouté les accents — délaissés, en Suisse romande ! — sur les capitales et majuscules.

 

De plus, j'écrirais Pot-Bouille en italique.

 

 

 

DICTÉE DE LA FINALE DU CHAMPIONNAT SUISSE D’ORTHOGRAPHE 2011

 Chamoson, le 27 août 2011

 

JE ME SOUVIENS… ( À la manière de Georges Perec)

1)         Je me souviens des croquenots de mon grand-père. Quand je les mettais, ma mère m’appelait «la lilliputienne aux bottes de sept lieues». (Lilliputienne)

2)         Je me souviens de mes cousines qui se bombardaient avec des bigarreaux ou des burlats, je ne sais plus.

3)         Je me souviens du potage au tapioca que j’avais renversé sur mes vêtements. Cette fécule amylacée les avait empesés.

4)         Je me souviens d’un cauchemar : surgis d’une plaie purulente, des droséras m’enveloppaient de leurs tentacules velus.

5)         Je me souviens de mon étonnement lorsque j’ai appris que la partie de la clé qui pénètre dans la serrure et agit sur le pêne est le panneton.

6)         Je me souviens que j’hésitais toujours sur l’orthographe de « baccara », le jeu de cartes.

7)         Je me souviens du théorème de Pythagore : «Le carré de l’hypoténuse est égal, etc.»

 

Fin de la dictée des juniors

 

8)         Je me souviens du catéchiste  parlant du culte de latrie et du culte de dulie.

9)         Je me souviens de la première fois que j’ai entendu parler du vin pouilly-fuissé ; deux mots que je ne parvenais pas à imaginer écrits.

10)      Je me souviens d’interminables parties de rami les samedis soir(s).

11)      Je me souviens d’ «immarcescible», un adjectif à l’orthographe complexe. (variante : immarcessible)

12)      Je me souviens de Bernard Pivot expliquant la différence entre l’apocope et l’aphérèse.

13)      Je me souviens d’une illustration qui m’a fascinée, enfant : celle d’un dinothérium, un éléphant du miocène.

14)      Je me souviens de la chanson «Davy Crockett, l’homme qui n’a jamais peur».

15)      Je me souviens des bips-bips émis par le premier spoutnik en 1957. (Spoutnik)

16)      Je me souviens des nymphéas et des agapanthes peints par Monet.

17)      Je me souviens de la différence entre la livre tournois et  la livre parisis.

18)      Je me souviens de «Pot-Bouille», film dans lequel jouait Gérard Philipe.

19)      Je me souviens de m’être demandé s’il fallait un s final  au mot «panaris».

20)      Je me souviens de l’alexandrin du Cid : «Ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie!»

21)      Je me souviens d’un restaurant, le Lamartine, réputé pour ses châteaubriands (châteaubriants). (G.Perec)

22)      Je me souviens de Mnémosyne, la personnification de la… mémoire.

 

                Francis Klotz   

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                      

1)         Sa sciotte à la main, il s’attaque à l’ardoise scissile.

2)         À l’écart des scincidés, des sciuridés sautillaient dans les scléranthes jaunis.

3)         (juniors) Le nutritionniste traditionaliste recommandait l’appenzell, le pavé d’affinois, la ricotta et le chabichou.

Œuvres de G. Perec (1936-1982) : Les Choses, La Vie mode d’emploi, La Disparition, Les Revenentes, W ou le souvenir d’enfance

 

Commentaires dictée finale 2011

 

Pas de doute, les participants se souviendront de la finale 2011.

 

Ils se souviendront que les droséras sont du genre masculin.

Ils se souviendront de manière cristalline de l’orthographe du jeu de cartes appelé baccara.

Ils se souviendront du peu catholique catéchiste écrit avec un h coupable, comme ils n’oublieront pas le culte de latrie et le culte de dulie.

Ils se souviendront, à l’occasion, de déguster un délicieux pouilly-fuissé.

Ils se souviendront du dinothérium qui a laissé tant de candidats sans défense(s).

Ils se souviendront de la livre tournois et de la livre parisis.

 

Ils se souviendront de cette fameuse dictée et ils n’oublieront jamais son auteur …

 

Bernard Carron

président du jury  

 

10/09/2010

Dictée d'enfer

Voici la dictée qui a eu lieu en Valais, comme l'an dernier (je déplore, à nouveau, la non-accentuation des lettres capitales...) :

 

DICTEE du 28.08.2010

 

FINALE DU CHAMPIONNAT SUISSE D'ORTHOGRAPHE 2010

 

UNE DICTEE D'ENFER

 

Des remords plein la tête, te voilà devant l'immense portail qui s'entrouvre lentement. Tu hésites puis, sans te retourner, tu le franchis. Aussitôt des diablotins t'arrachent ta montre et la piétinent dans un concert de ricanements, car ici le temps n'est plus et il n'est plus temps. Il n'y a plus d'avant, il n'y a plus d'après, il n'y a plus qu'un présent qui sera éternel, car le royaume de Belzébuth est aussi celui de Sisyphe: tout n'est que recommencement. Tu avances de quelques pas, c'est le choc: à tes pieds, en contrebas, un fourmillement infini. Pullulent, sous tes yeux effarés et dans un silence de mort, les criminels, les coléreux, les envieux, les orgueilleux, les paresseux, les avaricieux, les luxurieux et les  gourmands, tous en nombre sans cesse croissant. Toi, étreint par l'angoisse et rongé d'attrition(s), tu es en pleine déréliction. Quel sera ton sort? (Fin de la dictée des juniors)

As-tu été gourmand, tu assisteras, bâillonné et lié à ton siège, à la présentation par d'accortes démones court-vêtues d'une profusion de mets  affriolants tels ceux du festin des mercenaires que décrit Flaubert dans Salammbô. Toi, affamé, tu es dévoré de tentations. Dommage! Nouveau Tantale, tu ne mangeras plus jamais. Luxurieux et concupiscent, c'est sans cesse que tu couvriras de repeints les nudités des napées et des putti produits à la chaîne par de petits maîtres, jadis invétérés plagiaires. Envieux, tu composeras un virelai ou une villanelle ou encore une ballade en vers (h)olorimes à la gloire de Crésus. A peine auras-tu composé ton poème qu'un succube au dos gibbeux surgira, le lacérera d'un coup de fourche et tu recommenceras. Avaricieux, tu jetteras sans cesse des poignées de souverains, de napoléons et de vrenelis dans un four géant d'où s'écoule une pâte bouillonnante que lapent à genoux d'ex-harpagons penauds, sous l'œil morne des orgueilleux, condamnés, eux, à la reptation perpétuelle. Paresseux ou adepte du nonchaloir, tu haleras d'énormes blocs de porphyre pour ériger une espèce de ziggourat akkadienne dédiée au stakhanovisme. A peine achevé, l'édifice s'écroule et tu recommences. Si tu as été un être coléreux, des diablesses mafflues aux manières de virago(s) te frictionneront continûment à l'aide de glaçons: version infernale de la cryothérapie. Et quelle qu'ait été ta faute, quelque grandes que soient tes velléités de résipiscence et quelques vraies marques de repentir que tu manifestes, tu n'auras qu'une seule et pauvre distraction: regarder passer l'interminable cortège d'individus bêlant et se mignotant. Des déments? Non, les criminels, contraints de feindre la douceur des agneaux.

 

Francis KLOTZ

sous le contrôle du jury présidé par P. MAYORAZ

 

 

Phrases subsidiaires:

 

La cirrhose, la myxomatose, la dengue, la bilharziose et l'anhidrose (anidrose): pas une pathologie ne lui était inconnue.

 

Pour les juniors : Flottant dans son falzar raccommodé, un vieillard décrépit longeait un mur décrépi sur lequel courait un gecko.